Tribune « Si l’Afrique veut être plus efficace face aux épidémies futures, elle doit tirer les leçons de ses insuffisances » 30/05/2020
Aujourd’hui l’Afrique est nettement moins frappée par le Covid-19 que les autres continents. Les bons points délivrés par les uns qui célèbrent déjà la défaite du virus s’opposent aux conceptions catastrophistes des autres qui prédisaient le pire. L’idéologie règne.
La documentation rigoureuse de ce qui se passe réellement sur le terrain est préférable. Les premières observations des chercheurs offrent un aperçu, encore imparfait, de la situation globale, sachant qu’il y a une grande variété de situations selon les pays.
Il faut d’abord rappeler que les chiffres disponibles ne reflètent pas la situation : les tests sont peu nombreux, essentiellement effectués dans les grandes villes, et leur fiabilité n’est pas totale. Beaucoup de cas, et aussi de décès, dus à la Covid-19, ne sont pas repérés.
Pour aller vers la responsabilisation communautaire dans la lutte contre
la COVID-19 au Sénégal - 05/19/2020
Face à l’évolution de la situation de la COVID-19 au Sénégal, Le Président de la République du Sénégal a pris la décision de réorienter la stratégie de lutte, en tenant compte des réalités économiques, scientifiques et épidémiologiques dictant une réadaptation des comportements à l’évolution de la pandémie. Plus singulièrement, il s’est agi d’un assouplissement des mesures restrictives antérieures (ouverture des marchés, des lieux de prière, reprise de l’école pour les
classes d’examen, réduction des heures de couvre-feu). Ce qui a aussi retenu l’attention, c’est l’appel à la responsabilité individuelle et collective dans la lutte et la nécessité d’apprendre à vivre en présence du virus.
“Le moment pour réorienter la stratégie semble mal choisi” -05/13/2020
Au moment où le nombre de cas se multiplie, que les choses semblent plus que compliquées dans la lutte contre la Covid-19, l’Etat du Sénégal a décidé d’assouplir les mesures prises jusqu’ici
pour barrer la route à la pandémie. Pourquoi ce choix ? Est-ce rationnel ? Les Sénégalais sont-ils prêts ou peuvent-ils respecter les mesures conditionnant l’ouverture des lieux de culte, etc. ?
Le socio-anthropologue Sylvain Landry Birane Faye répond à toutes ces questions.
PROPOS RECUEILLIS PAR BIGUÉ BOB
«La peur, la stigmatisation et la culpabilisation expliquent
le refus de certains malades de révéler les cas contacts» Journal -LE SOLEIL - 11/05/2020
Le Professeur Sylvain Landry Birane Faye est un socio-anthropologue spécialiste des questions de santé. Il a apporté son expertise à l’Oms durant l’épidémie d’Ébola en Guinée, Mali et récemment en République démocratique du Congo (Rdc). Dans cet entretien, l’universitaire recommande, à cette phase de l’épidémie, la mise œuvre d’actions culturellement accessibles et acceptables pour conserver l’engagement des communautés dans la croisade contre cette maladie. Le socio-anthropologue met en cause la peur, la stigmatisation, la culpabilisation dans le refus de certains malades de révéler les personnes avec qui ils étaient en contact.
Propos recueillis par Matel BOCOUM
Les Voix du Crépuscule
Les épidémies : une histoire sans fin // 07.05.2020 - Emission Radio
Sortir de la sidération et de la peur. C’est l’objectif d’une grande partie de la production médiatique et de la communication des États face à l’épidémie du Covid-19. Toutes les sciences sociales, de l’histoire à la philosophie sont convoquées pour donner un sens à l’enfermement et aux mesures radicales prises pour lutter contre l’épidémie.
Gaëtan THOMAS historien à Sciences Po, médialab. où il travaille sur les épidémies et maladie infectieuse en France et dans les anciennes colonies durant la seconde moitiée du XXi siècle.
Sylvain Landry FAYE Socio-anthropologue au département de Sociologie de la Faculté de Littérature et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) travaillant de la santé et en recherche évaluative des politiques et systèmes de santé en Afrique..
Fred EBOKO Socio-politologue, directeur de Recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement, spécialiste des politiques publiques de santé en Afrique.
Cliquez sur le lien dessous pour écouter l'émission.
Pour une prise en charge socialement
acceptable des asymptomatiques et cas
contacts de la COVID-19 au Sénégal
L’ augmentation significative des personnes testées positives au COVID-19 ces dernières semaines au Sénégal illustrée avec une expansion géographique du virus, les régions touchées passant de 7 à 11. Cela s’est accompagné par un nombre important de des contacts suivis dans le cadre de la surveillance épidémiologique (5226 en fin avril 2020).
Tenant compte de la stratégie de dépistage plus agressif du MSAS et de l’existence de cluster de contamination (une personne qui contamine plusieurs autres), il faut s’attendre à une majoration de ces statistiques. Par ailleurs, les cas des porteurs sains du virus (déclaré positif mais ayant manifesté peu ou pas de symptômes), appelés cas asymptomatiques ont bouleversé aussi bien les discours et perceptions de la maladie, que ses modes de prise en charge.
Covid-19 : Le Sénégal risque d’être plongé dans une transmission communautaire massive (Professeur Sylvain Birane Faye)
Face à l'évolution de la maladie à coronavirus, le Professeur Sylvain Landry Birane Faye a fait l’analyse
épidémiologique et socio-anthropologique de l’augmentation des cas communautaires au Sénégal. Devenus
inquiétants, l’universitaire prévient que si la tendance de l’augmentation des cas communautaires ne s’arrête pas, le
Sénégal risque d’être plongé dans une transmission communautaire massive qui peut déborder les capacités de prise
en charge par notre système de santé. Par ailleurs, il a fait mention de la communication de l’État qui s’est beaucoup
améliorée tout en estimant que l’approche communautaire doit être privilégiée.
“L’expérience d’Ebola montre que...’’
Comment appréciez-vous la communication faite par le Gouvernement, le ministère de la Santé autour du coronavirus ? La stratégie de communication adoptée par le gouvernement a beaucoup évolué, depuis le début de l’épidémie et il faut s’en féliciter. Toutefois, il y a des failles qu’il faut bien analyser à chaud et leur apporter une réponse immédiate, surtout
dans le contexte actuellement d’une augmentation de ce qui est usuellement appelé la transmission communautaire. Lorsqu’il y a une épidémie dans un pays, sa gestion s’établit en général autour des piliers classiques recommandés par l’OMS : la coordination, la surveillance épidémiologique, la prise en charge des cas (médicale et psychosociale), la logistique, et surtout la communication des risques et engagement communautaire (CREC). Cette dernière composante n’en est pas la moins importante, parce qu’elle détermine en grande partie la capacité des populations à accepter et à s’approprier les messages, les informations concernant les mesures de contrôle, afin d’arriver à rompre la chaîne de transmission de l’épidémie. Par expérience, nous savons aussi que c’est dans ce domaine de la communication pour le changement de comportements que plusieurs partenaires concentrent leurs efforts pour apporter un appui à l’Etat.
La distanciation sociale au Sénégal, un remède au Covid-19 qui a du mal à passer
Depuis que le nouveau coronavirus dénommé Covid-19 s’est propagé, plusieurs gouvernements
africains ont décidé de la quarantaine, restreignant le mouvement des personnes en bonne santé
ayant pu être exposées à une maladie transmissible sans le savoir ou en présenter les symptômes.
Cette réponse consiste en plusieurs mesures, parmi lesquelles le confinement, qui est une méthode
barrière de distanciation sociale.
Ailleurs en Afrique, le Rwanda a fermé ses frontières sauf pour le trafic de marchandises et interdit les
déplacements non essentiels et les visites hors domicile, à l’exception des sorties pour
s’approvisionner, se faire soigner ou aller à la banque. Au Nigeria, tous les vols entrants et sortants
ont été interdits, les bars, restaurants, écoles, lieux de culte et salles de deuil fermés, comme en RDC.
Ces mesures ne sont pas nouvelles sur le continent, car elles ont été expérimentées lors d’Ebola en
Sierra Léone : six millions de personnes ont été contraintes de rester chez elles pendant trois jours
(septembre 2014 et mars 2015).
Penser la prison à l’heure de la pandémie de Coronavirus en Afrique
Depuis plusieurs semaines, la pandémie de coronavirus occupe les pages et les émissions des médias (Quelques
exemples ici, là ou encore là).
Or, pour une fois, elle donne lieu à quelques articles sur la situation sanitaire et sociale dans les prisons, des
protestations de détenus privés de parloirs en Italie aux appels à libérer des prisonniers en France et au Sénégal par
exemple. Au fur et à mesure que le virus circule d’un continent à l’autre, des prises de position d’avocats, d’ONG
ou de chercheurs se multiplient, relayés par la presse et les radios tant nationales qu’internationales (Voir la
déclaration conjointe d’un collectif d’ONG et d’acteurs nationaux et internationaux pour les prisons en Afrique,
portée par Avocats sans Frontière-Belgique, « Face à la propagation du Covid-19, prendre des mesures urgentes et
immédiates pour protéger les droits des détenus en Afrique », 24 mars 2020 ; l’appel de chercheurs, avocats et
magistrats en France, « Coronavirus : « Réduisons le nombre de personnes incarcérées pour de courtes peines ou
en fin de peine », Le Monde, 19 mars 2020, ; l’analyse de Gwenola Ricordeau, « Pourquoi vider les prisons est
nécessaires », The Conversation, 25 mars 2020.
Comment améliorer la communication sociale sur le Covid-19 au Sénégal ?
Depuis que les premiers cas de Covid-19 ont été détectés au Sénégal, c’est à travers le ministère de la Santé et de l’action sociale, le Service national de l’Éducation et de l’Information pour la Santé et le Centre des Opérations d’Urgence que s’est organisée la stratégie de communication institutionnelle dans le pays.
Ces institutions ont fait passer leurs messages à la population à travers des communiqués et points de presse quotidiens. Naturellement, les médias classiques (télé, radio, presse écrite) ont également fait de cette maladie leur sujet de prédilection.
Dans le même temps, les réseaux sociaux, les sites d’information en ligne et les lieux publics sont devenus des relais de ce qu’il est d’usage d’appeler des rumeurs et des « fake news », ou encore de l’« infodémie ».
Appropriation d'un nouveau protocole antipaludéen au Sénégal
Cet article documente le processus de mise en œuvre du Traitement préventif intermittent TPI), une stratégie de prévention du paludisme dont l’administration est couplée au Programme élargi de vaccination (PEV) dans les services de santé, les réactions des prestataires, des populations et leurs facteurs explicatifs. Les résultats montrent que l’absence de connaissances adéquates à propos du TPI n’a pas empêché son appropriation par les communautés, dans la mesure où les perceptions lui accordent une valeur pratique et l’intègrent dans les besoins ressentis.
La distanciation sociale au Sénégal, un remède au Covid-19 qui a du mal à passer
Depuis que le nouveau coronavirus dénommé Covid-19 s’est propagé, plusieurs gouvernements africains ont décidé de la quarantaine, restreignant le mouvement des personnes en bonne santé ayant pu être exposées à une maladie transmissible sans le savoir ou en présenter les symptômes. Cette réponse consiste en plusieurs mesures, parmi lesquelles le confinement, qui est une méthode barrière de distanciation sociale.
Ailleurs en Afrique, le Rwanda a fermé ses frontières sauf pour le trafic de marchandises et interdit les déplacements non essentiels et les visites hors domicile, à l’exception des sorties pour s’approvisionner, se faire soigner ou aller à la banque. Au Nigeria, tous les vols entrants et sortants ont été interdits, les bars, restaurants, écoles, lieux de culte et salles de deuil fermés, comme en RDC. Ces mesures ne sont pas nouvelles sur le continent, car elles ont été expérimentées lors d’Ebola en Sierra Léone : six millions de personnes ont été contraintes de rester chez elles pendant trois jours (septembre 2014 et mars 2015).
Quand les tradithérapeutes ouest-africains soignent l’infertilité conjugale à Dakar (Sénégal) : recompositions et dynamiques entrepreneuriales
Ces dernières années, Dakar est devenu une destination privilégiée des mobilités Sud-Sud. En particulier, de nombreux tradithérapeutes africains s’y sont installés, avec leurs savoirs-faire. Cet article interroge les effets de leur présence dans la capitale sur l’offre et la demande de santé (en matière d’infertilité conjugale) et sur le champ de la médecine traditionnelle nationale. Plus particulièrement, il décrit les raisons de leur sollicitation par les urbains en cas d’infertilité, la singularité des procédés thérapeutiques et des compétences mises en avant. Il analyse les types de légitimité sur lesquels ils s’appuient. Nos résultats montrent que la circulation de tradithérapeutes étrangers à Dakar a renforcé le pluralisme et la transnationalisation thérapeutiques.
L’« exceptionnalité » d’Ebola et les
« réticences » populaires en Guinée- Conakry. Réflexions à partir d’une approche d’anthropologie symétrique
La République de Guinée-Conakry est confrontée à une épidémie de maladie à virus Ebola, officiellement déclarée en mars 2014, mais qui, selon certains observateurs, est en cours depuis décembre 2013. Si elle sévit en Afrique Centrale depuis 1976, elle connaît sa première manifestation en Afrique de l’Ouest, jugée « exceptionnelle ». Cette exceptionnalité tient, de l’avis des acteurs de la lutte, à son caractère hors norme : importants foyers dans les zones urbaines et les capitales, incidence et létalité fortes. Cette situation a justifié des pratiques inédites : une réponse internationale, un recours à des traitements non encore homologués, une imposition de normes de biosécurité, une militarisation de la « Riposte » .
Pratiques de "mobilisation des communautés" dans l'urgence sanitaire par les humanitaire en Afrique de l'Ouest
Depuis plusieurs années, diverses parties du monde connaissent une succession de crises humanitaires dues à une pluralité de facteurs (conflits sociaux, ethniques ou post-électoraux, catastrophes naturelles, famines et malnutrition, épidémies etc.)
Plus particulièrement sur le continent africain, ces situations de crise ont impliqué des déplacements de population qui ont parfois participé à leur internationalisation. L'exemple le plus récent est l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest, survenue dans les pays de la Mano River (Guinée Conakry, Sierra Léone et Liberia) et qui a touché par la suite d'autres pays africains (Sénégal, Mali, Nigéria) en raison de mouvements de populations cherchant soit à fuir pour se protéger, soit à accéder à de meilleurs systèmes de soins. Hors du continent africain, plusieurs cas avérés (la grande majorité étant constituée par le personnel humanitaire engagé sur le terrain ouest-africain) ont été pris en charge dans les pays occidentaux (Etats-Unis, Espagne, Allemagne, France etc.)
Politiques de lutte contre le paludisme en Casamance, Sénégal: une activité de santé publique soumise aux contextes de conflit et de décentralisation
Cet article analyse, à partir d’une ethnographie menée à Oussouye (Casamance), la manière dont s’incarnent et se traduisent les politiques nationales sanitaires, dans des contextes locaux spécifiques. Il discute des contraintes que rencontre une politique globalisante, ou plus exactement des points aveugles de cette politique pas suffisamment à l’écoute du contexte, c’est-à-dire, des spécificités régionales et géopolitiques.
Les résultats indiquent que le contexte de la décentralisation et du conflit casamançais ont eu des effets sur le financement, la gestion des activités promotionnelles et la domestication des recommandations officielles de la lutte contre le paludisme. Par ailleurs, celles antérieures laissent des traces, qui s’expriment dans les discours des acteurs et structurent la façon dont ils pensent la lutte aujourd’hui, alors même que cette dernière est supposée s’inscrire dans un autre paradigme. Enfin la dissonance de la prescription d’antipaludiques à Mlomp et Elinkine fait penser à l’existence de « territoires » locaux de la santé où les recommandations nationales cèdent la place aux spécificités contextuelles et locales. Les politiques de santé ne peuvent faire l’économie ni des acteurs, ni des contextes locaux, cependant la prise en compte de la spécificité ne doit certainement pas se faire au détriment d’une certaine notion de « l’être ensemble ». (Global Health Promotion, 2014; 20(4): 59–67).
Quand les mères « résistent » aux foyers d’Apprentissage, de Réhabilitation Nutritionnelle et d’éveil (FARNE) à Mbacké (Diourbel, Sénégal)
Cet article qui discute des raisons pour lesquelles les FARNE/PD, considérés comme un modèle de participation communautaire, sont fréquentés de manière discontinue par les femmes et n’ont pas permis d’améliorer la prise en charge de la MAM à Mbacké (Diourbel, Sénégal).
A partir d’enquêtes qualitatives menées à périodes temporelles différentes, l’article démontre qu’au-delà des difficultés logistiques et organisationnelles des FARNE, la faible implication des communautés a conduit à leur appropriation négative et à des attitudes d’abandon. Malgré le principe déclaré de l’engagement communautaire, les FARNE ont plus fonctionné comme des instruments exogènes d’imposition de modèles de PECMA. La discontinuité de leur fréquentation est ainsi l’expression d’une critique du déni de leur rôle de parents et une revendication de la reconnaissance de leurs
savoirs d’expertise en matière de puériculture et de nutrition. Aussi, si les FARNE contribuent à l’empowerment des femmes, leur féminisation a conduit à une défiance des hommes qui ont une influence sur la fréquentation des FARNE par les femmes. Enfin, tel qu’appliquée, cette stratégie contribue plus à la gestion de la MAM dans les familles affectées, mais ne prévient pas suffisamment sa survenue en population générale.
Risques et urgences sanitaires : agir pour et avec les populations
Comment préparer les populations à faire face aux risques sanitaires ? Tel est le thème de ce dossier. Tout d’abord, qu’entend-on par « risques et urgences sanitaires » ? Le sujet est vaste et ne peut pas être traité de façon exhaus- tive. Nous nous sommes donc intéressés à deux types de risques. D’une part, les risques naturels : canicule inondations tempêtes/cyclones et séismes/tsunamis.
D’autre part, les risques infec- tieux liés aux maladies vectorielles que sont la dengue et le chikungunya. Ce dossier concerne donc plus particulièrement les départements d’outre-mer où ces risques sont plus prégnants. Dans ces deux domaines, l’Inpes travaille depuis longtemps avec les pouvoirs publics et l’ensemble des acteurs locaux.
La politique de la peur
Médecins sans frontières et l'épidémie d'Ebola
La réponse "Humanitaire"a l'épidémie d'Ebola en Guinée: entre routines et exceptions.
Les points aveugles de la lutte contre le paludisme en Casamance
C'est à partir du début des années 90 que la notion d'evidence-based medicine (EBM) est développée d'abord en Grande Bretagne dans le champ médical. La notion renvoie au développement d'outils facilitant la synthèse et la diffusion de résultats capables de favoriser chez les practiciens des prises de décisions conforme aux développements les plus récents de la recherche médicale. "Peu à peu, les approches EBM se sont répandues dans tous les pays et, parallèlement, leurs principes ont été transposées à d'autres niveaux d'organisations et étendus à la gestion des systèmes de santé nationaux et internationaux. C'est ainsi que l'OMS se revendiqueaujourd'hui d'une approche en termes d'evidence based policy." (Laurent, et al., 2009, p. 858).
Gouvernance et sida en Afrique : instruments de l’action publique internationale, l’exemple du Fonds mondial
Issu du langage de la gestion, le mot « gouvernance » s’est imposé dans le champ institutionnel des relations internationales, à partir d’un rapport de la Banque mondiale publié en 1989 (Banque mondiale, 1989). En science politique, des auteurs américains mentionnent par cette notion la matrice dans laquelle les gouvernements africains sont soutenus par leurs partenaires internationaux pendant les premières années d’indépendance pour mettre en œuvre les premières politiques publiques postcoloniales (Hyden et Bratton, 1992). L’accélération de l’africanisation des cadres de la Fonction publique va atténuer le recours à cette notion qui portait un autre nom (policy building) selon les mêmes auteurs. Entre les arènes politiques et le champ des politiques publiques, la notion de gouvernance va être accompagnée d’une épithète (« bonne gouvernance », « mauvaise gouvernance », etc.), avant d’être élargie à la « mondialisation » et à l’accélération de l’action publique transnationale, sous le label de « la gouvernance mondiale » : « Le concept de gouvernance mondiale, qui apparaît dans les années quatre-vingt, met l’accent en premier lieu sur la multiplicité des acteurs transnationaux et les négociations dans lesquelles ils se trouvent engagés» (Laroche, 2003, 19). De ce point de vue, la « gouvernance » peut être considérée comme un synonyme de « politiques publiques internationales», en ce qu’elles sont élaborées par des acteurs internationaux (Hassenteufel, 2005, 2011, 19). Dans cette logique, il convient de distinguer la notion de « gouvernance » lorsqu’elle a un rapport avec les politics (Hyden et Bratton, ) ou lorsqu’elle est en lien avec les policies (Darbon, 2008).